Tout le monde continue à l’appeler Saigon, même si elle s’est métamorphosée en Hô Chi Minh-Ville depuis 1975. La capitale économique du Vietnam est, avec plus de 7 millions d’habitants, la plus grande ville du pays. Hô Chi Minh-Ville, alias HCMC, se situe à la croisée de plusieurs mondes, le temps des colonies et la modernité, le communisme et l’expansion économique. Sans y perdre son âme.
D’autant que cette métropole du sud-Vietnam, lieu de culture et d’évènements sportifs fédérateurs tels que le Marathon de Hô Chi Minh-Ville, s’affirme comme une destination lifestyle à part entière. Des marchés pittoresques, Ben Thanh et Binh Tây en tête, jusqu’aux centres commerciaux ultramodernes, tels Saigon Square, Vincom Center ou Diamond Plaza, HCMC se révèle une cité hyperactive et colorée, authentique ou chic, selon les quartiers. Il fait bon se promener ou rouler à vélo dans ses parcs Tao Dan ou Hoang Van Thu, plus excentré mais tout aussi charmant avec sa mini tour Eiffel.
Mais c’est de l’immense avenue Nguyen Hue que l’on prend conscience de la mutation d’Hô Chi Minh-Ville. En seulement 750 mètres, de la rivière Saigon à la mairie, Nguyen Hue est un trait d’union entre passé et avenir. Les centres commerciaux flambant neufs jouent la carte de l’élégance à deux pas de l’Hôtel de Ville et de l’opéra, deux fleurons de l’architecture coloniale française. Le premier est néo-renaissance, alors que le second, tout proche, est une réplique du Petit Palais de Paris, construit en 1900 dans le style flamboyant de la IIIe République française.
À Saigon, le passé fait même de la résistance. La monumentale poste centrale qui ressemble à une gare ne désemplit pas. Construit entre 1886 et 1891 par les Français, le bâtiment possède une charpente conçue par Gustave Eiffel… Juste en face, la cathédrale Notre-Dame a été édifiée dans le plus pur style néo-roman, version 1877.
De son côté, Dong Khoi, ancienne rue Catinat, semble tout droit sortie des années 1930. et abrite encore de nombreux bâtiments coloniaux. Entre les immeubles Art déco, des magasins trendy, des galeries d’art – la Vietnam Art Gallery, entre autres – et des restaurants chics. Le tout forme un quartier en pleine effervescence, à l’instar de cette ville qui bouge. Notamment lors de la fête du Têt, le Nouvel an vietnamien, entre la dernière semaine de janvier et la troisième de février ; mais également à l’occasion des deux événements folkloriques prisés : le Tet Doan Ngo, durant l’été, et le Tet Trung Thu, aussi appelée Fête de la lune ou Fête de la mi automne.
Cette fabuleuse mosaïque urbaine se reflète sur les parois de verre de la futuriste Bitexco Financial Tower, 300 mètres de haut, qui se dresse comme un symbole du dynamisme et de l’énergie ambiants. Car les années de guerre appartiennent désormais à l’Histoire. Même si tout incite à s’y replonger : des mythiques tunnels de Cu Chi, au musée d’Histoire ou à celui des Souvenirs de guerre (War Remnants Museum) remplis de reliques de la guerre du Vietnam. Sans oublier le Palais de la Réunification, tout entier dédié à la gloire du nord-Vietnam. Non loin, le Musée d’Hô Chi Minh-Ville propose une immersion plus pacifique dans l’histoire culturelle de Vietnam. D’ailleurs, toutes les cultures semblent se rejoindre autour d’HCMC. Pèlerinage à Sadec, sur le delta du Mékong, dans la « maison de L’Amant », la demeure de Huỳnh Thủy Lê, où Marguerite Duras vécut enfant. Communion à Tay Ninh avec Victor Hugo, Jeanne d’Arc ou Pasteur considérés comme des guides spirituels par l’étrange philosophie du caodaïsme. Dans ce « Grand Temple » Cao Dai, joyau de l’architecture éclectique, Churchill, Lénine, Shakespeare, Bouddha ou Jésus sont également vénérés. Étrange et pénétrant, juste à l’image d’une ville qui ne laisse jamais son visiteur repartir indemne.
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